Octobres
La poulie de bois barre le hublot
Lourde, lichen, cousue d'acier
Battue par la pluie
Tendue sous le vent
Couchée, elle montre Les Marquises
Déroule les effluves du vent salé
Puise les chants, les danses
Et jusqu'à la surface remonte
Le goût des peaux tatouée
Battue par la pluie
Tendue sous le vent
Vrillée, elle racle les roches blanchies
Irise l'eau de Méditerranée, éblouie
Elle tinte dans la chaleur,
Les cris des marchands, éclaboussures imberbes,
Colorées, où s'effrite le désert,
Où s'arrête le temps
Battue par la pluie
Tendue sous le vent
Figée, elle coupe la glace des flancs
Inscrit sa ligne noire sur le velours
Givré, condensé de métal
Brossée, hérissée de brouillard blanc
Elle se tait
Lourde, lichen, cousue d'acier
Elle se tait.
Vraiment?
Qu'as-tu ramené?
Je meurs de faim
Le museau dans ta fourrure,
Ne dis rien.
Tumaï,
Je suis les traces de tes pas
Et dans le silence de la toundra
Je reconnais
La sève cristallisée
Soleil d'hiver sur les épines rouges
Écorces sablées
Air piquant à tes oreilles aux aguets
Tu la vois
Sans bruit, elle est déjà tienne
Sans bruit, la distance disparaît
Envol!
Mais son sort est scellé
Et sous tes larges pattes son corps inanimé
Plumes rouges dans la neige douce
Ventre moucheté
Ensemble, mangeons la beauté
Arabesques, volutes, arabesques,
De là où je suis, il pleut à tout jamais.
Souffle du vent et la lisière se dessine
De loin en loin
Mille oiseaux blancs
Souffle du vent et la lisière disparaît
Rochers que la marée orange
Chevelure salée
De là où je suis, mon pouce estompe le tracé.
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